Dans une lettre adressée à ses concitoyens, le président français Emmanuel Macron a donné des directives sur des hommes et des femmes qui formeront le futur gouvernement tout en appelant la classe politique à faire preuve de sens de la concorde et de l’apaisement dans leur intérêt et dans celui du pays.

Depuis la proclamation des résultats du second tour des législatives, la sortie d’Emmanuel Macron est attendue par tout le peuple français. Et c’est par une lettre que l’actuel locataire du palais de l’Elysée décide de s’exprimer à ses concitoyens. Emmanuel Macron a salué tout d’abord la mobilisation de la population les 30 juin et 7 juillet derniers. Une mobilisation qualifiée de « signe de la vitalité » de la République, et qui permet assure-t-il, de tirer quelques conclusions.

De ses conclusions, le président français reconnait un besoin d’expression démocratique. « Si l’extrême-droite est arrivée en tête au premier tour avec près de 11 millions de voix, vous avez clairement refusé qu’elle accède au gouvernement », précise le président Macron, pour qui, personne n’a emporté ces consultations populaires et aucune force politique n’a obtenu « seule une majorité suffisante ». Pour lui, les blocs ou coalitions qui ressortent de ces législatives sont tous minoritaires. « Divisées au premier tour, unies par les désistements réciproques au second, élues grâce aux voix des électeurs de leurs anciens adversaires, seules les farces républicaines représentent une majorité absolue », ajoute le chef de l’Etat français pour qui, ces consultations, marquées par une demande claire de changement et de partage du pouvoir, oblige toutes les forces politiques « à bâtir un large rassemblement ».

Et Emmanuel Macron de promettre en sa qualité de président de la République, « à la fois protecteur de l’intérêt supérieur de la nation et garant des institutions », de veiller au respect du choix du peuple français. C’est à ce titre, assure-t-il que « je demande à l’ensemble des forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines, l’État de droit, le parlementarisme, une orientation européenne et la défense de l’indépendance française, d’engager un dialogue sincère et loyal pour bâtir une majorité solide, nécessairement plurielle, pour le pays ». Et pour cela, prévient le chef de l’Etat français, « les idées et les programmes » passeront « avant les postes et les personnalités ». Ce rassemblement devra se construire révèle-t-il, « autour de quelques grands principes pour le pays, des valeurs républicaines, claires et partagées d’un projet pragmatique et lisible et prendre en compte les préoccupations » exprimées par les Français lors des élections et « devra garantir la plus grande stabilité institutionnelle possible ». Il faudra à cet effet, des femmes et des hommes qui placent leur pays au-dessus de leur parti, la nation au-dessus de leur ambition. « Ce que les Français ont choisi par les urnes, les forces politiques doivent le concrétiser par leurs actes. C’est à la lumière de ces principes que je déciderai de la nomination du Premier ministre », complète-t-il, indiquant de laisser un peu de temps aux forces politiques pour bâtir « ces compromis avec sérénité et respect de chacun ». « D’ici là, le gouvernement actuel continuera d’exercer ses responsabilités puis sera en charge des affaires courantes comme le veut la tradition républicaine. Notre pays doit pouvoir faire vivre, comme le font tant de nos voisins européens, cet esprit de dépassement que j’ai toujours appelé de mes vœux », a-t-il conclu, tout en promettant d’être le garant « d’une nouvelle culture politique française », comme l’a souhaité le peuple français.

Une déclaration qui passe mal du côté de l’opposition. « Si je comprends bien, dans sa lettre, Emmanuel Macron propose de faire barrage à LFI (Ndlr : la France insoumise) qu’il a contribué à faire élire il y a trois jours et grâce à qui les députés Renaissance ont été élus, il y a également trois jours », a réagi sur X, anciennement tweeter Marine Le Pen, présidente du groupe rassemblement national à l’assemblée nationale. D’après elle, ce cirque devient indigne. « Et pendant ce temps, les factures de gaz et d’électricité flambent, les voyous œuvrent en toute tranquillité, l’immigration est toujours hors contrôle… c’est vraiment dramatique », dénonce-t-elle.

L’ancien député se dit contre « un le coup de force présidentiel » et exige que le vote du peuple soit respecté. « Ce n’est pas un évènement comme un autre et aucun républicain ne saurait en minimiser ni le sens politique ni l’extrême gravité qu’il contient. Le Président (…) prétend que « personne n’a gagné l’élection. C’est faux. Le Nouveau Front Populaire est arrivé en tête de l’élection et c’est à lui que revient de former le prochain gouvernement », affirme Jean-Luc Mélenchon. Et le président de la LFI de prévenir qu’il ne saurait être question d’accepter si peu que ce soit cette sorte de retour du droit de veto royal s’imposant contre un vote au suffrage universel. « Il ne saurait être question de permettre le retour des combinaisons indignes et manigances secrètement ourdies qui permettraient de s’imposer par une autre coalition que celle désignée par le vote populaire au suffrage universel ! Ce qui est inacceptable ne doit pas être accepté. Et cela doit se traduire concrètement, jusqu’à ce que le Président respecte la décision du suffrage universel », martèle Jean-Luc Mélenchon.

Stanyslas Asnan