« Après la pandémie de la Covid-19, plus rien ne sera comme avant !» C’est la conviction que beaucoup de personnes se sont faites des conséquences de la pandémie sur le quotidien de toute la population planétaire. De nouveaux modes de vie ont fait leur apparition : distanciation sociale, télétravail, lavage régulier des mains à l’eau et au savon, utilisation de gel hydroalcoolique, télé-enseignement, e-commerce, etc. Le monde sera devenu mécanique, artificiel, froid, méfiant, soupçonneux, suspicieux, et que sais-je encore ! Durant cette épreuve, chacun à son niveau, a fait l’expérience de la faim, de la soif, de l’isolement, du confinement, de l’(in)utilité de la richesse matérielle, de la désolation et/ou déception spirituelle, de l’importance de la liberté, du manque de chaleur humaine… De nouveaux sentiments sont apparus, alimentés par la peur d’être la prochaine victime de l’impitoyable Covid-19 qui ne respecte ni pauvre, ni riche ; ni gouvernant, ni citoyen ; ni médecin, ni guérisseur ; ni blanc, ni noir, ni jaune !
Mus par l’empathie, des corporations entières ont réorientés leurs activités classiques pour se focaliser sur ce plus grand mal du 21èmesiècle. Au nombre de ces regroupements, trois retiennent l’attention ! Ce sont, en premier lieu, les personnels de santé qui ont fait don de leur vie pour sauver les victimes ; les artistes de tous ordres qui ont mis à contribution leurs notoriétés et même leurs économies pour aider à prévenir la pandémie et sensibiliser les populations ; et la presse qui a sacrifié ses « chiens écrasés », ses « humeurs et humours », et autres rubriques lucratives pour informer et sensibiliser les populations sur la menace pandémique de la Covid-19. Ces trois corporations ont aussi en commun de servir de caution à certains « mécènes » véreux. L’on offre des gants de protection, des masques, des équipements de lavage des mains qu’on recoure aux artistes et à la presse pour porter haut le geste « humaniste » que l’on vient de poser ! Un « coronabusiness » dont ils sont les dindons de la farce.
Le cas le plus inquiétant est celui de la presse qui, au sortir de la crise ou même avant, risque de ne plus se faire entendre. Déjà, même dans les grandes traditions de la presse comme en Occident, des gémissements sourdent. Des titres ont cessé de paraître faute de matière première, c’est-à-dire l’information dont ils se font la spécialité. Ce sont par exemple des titres dédiés aux grands événements comme la mode, le sport, ou les célébrations artistiques. Si au Tchad, les journaux se livrent à toutes les gymnastiques pour paraître (au propre comme au figuré), c’est pour éviter d’être enterrés vivants ! D’ores et déjà, la plupart des titres manifestent des signes d’asphyxie qui se répercutent sur la qualité et le contenu des parutions.
Comme dans d’autres secteurs, le virtuel pourra-t-il offrir une issue de sauvetage aux journaux en papiers ? Tout en offrant cette possibilité, la parution en ligne reste tributaire de nouveaux investissements spécifiques et d’autres paramètres qui méritent d’être pris en compte : la permanence de l’électricité, le coût de la connexion internet et sa vulgarisation, etc. Ce que chaque titre tente de réaliser sans grand succès pour le moment. La presse tchadienne deviendra-t-elle la victime expiatoire de la Covid-19 ? En espérant que la crise ne vienne pas à bout de la détermination de la presse tchadienne à servir ses lecteurs, Tchad et Cultureprend un temps de pause et vous donne rendez-vous en septembre 2020.
Nestor Malo