Une pétition contre l’ordonnance n°001 du 4 juillet 2024

La pétition intitulée « stop apartheid au Tchad » lancée le 09 août dernier a recueilli à ce jour plus de 300 signatures sur Facebook 297. En lançant cette pétition, les initiateurs entendent « présenter la vision commune et les objections unanimes des diverses forces vives tchadiennes sur les textes adoptés par le Conseil national de transition (Cnt) lors de la session extraordinaire du 29 Juillet dernier.

Malgré son adoption, l’ordonnance n°001 portant restructuration des unités administratives, la loi organique portant composition du Parlement, régime des inéligibilités, des incompatibilités et indemnités parlementaires, ainsi que celle déterminant le nombre, les dénominations et les limites territoriales des collectivités autonomes, continuent de susciter de vives réactions. Et pour espérer inverser les tendances, des associations, collectifs et organisations de la société civile des différentes provinces du Tchad, les associations de défense des droits de l’homme, les syndicats, les corps professionnels et la diaspora tchadienne, ainsi que des personnalités indépendantes ont lancé une pétition pour exprimer le rejet « catégorique » de ces textes. « Depuis son indépendance, le Tchad a été le théâtre de multiples conflits (…) qui ont entravé son développement (…), et qui sont les conséquences de mauvaises décisions des politiciens. (…) Aujourd’hui, de la période de transition largement critiquée pour manque de transparence et d’inclusivité au coup d’état électoral de mai dernier, en passant par le passage en force du référendum constitutionnel, le Tchad s’enfonce de jour en jour dans le gouffre de l’autoritarisme et de l’arbitraire », justifie la note. Les initiateurs de cette pétition estiment que les efforts de décentralisation souvent biaisés, exacerbent les tensions et attisent les conflits et les haines tribales et qualifient l’ordonnance n°001 et suivant « d’antirépublicains ». Ladite ordonnance aura d’après eux, attribué les quotas de députés et classifié les localités sans tenir compte de leurs poids démographiques, ni adéquation. « Il s’agit des textes qui dotent certaines régions de tous les droits et les opposent aux autres régions dépourvues de toutes considérations, consacrant de facto l’injustice, les inégalités voire l’apartheid qui caractérisent la gouvernance du pays ces dernières décennies », se défendent-ils. Le collectif évoque aussi entre autre l’absence de consultation, les critères ambigus, la violation des principes démocratiques, l’exclusion des candidatures indépendantes et la non-transparence.

Le passage au forceps de ces textes risquerait, selon le collectif, d’augmenter des tensions sociales, d’aggraver les inégalités et de semer la confusion juridictionnelle, indiquant par ailleurs au passage la question de la « légitimité du parlement » et « des prises de décisions non représentatives ». Se voyant interdire, il y a quelques jours la tenue de l’atelier de validation du « manifeste contre les lois consacrant l’injustice et l’inégalité au Tchad », ils exigent « l’annulation des ordonnances et projets de lois et la mise en place d’un processus de consultation inclusive et transparente », « le respect des dispositions de la Loi électorale qui autorise les candidatures indépendantes » et « l’organisation des consultations inclusives avec toutes les parties prenantes, y compris les représentants des régions sous-représentées ». Les organisateurs de cette initiative demandent ensuite à toutes les organisations et aux personnalités indépendantes « soucieuses d’un Tchad nouveau, démocratique, respectueux des principes de justice et d’égalité des citoyens » à se joindre à eux pour lancer l’initiative citoyenne « stop Apartheid au Tchad » et « mener des campagnes de sensibilisation sur le martyre infligé aux paisibles populations depuis des décennies par le système d’apartheid au pouvoir ».

Enfin, la population est appelée à prendre conscience que « l’avènement d’un Tchad nouveau, démocratique, respectueux des principes des droits humains, de justice et de paix ne peut être obtenu que par une lutte citoyenne résolue et engagée » et à se « se préparer pour des actions citoyennes déterminantes susceptibles d’être engagées au cas où ces revendications ne seraient pas prises en compte ».

Stanyslas Asnan

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