La Cour pénale internationale (Cpi) a condamné ce jeudi 27 juin 2024 un responsable d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi) pour crimes de guerre et de crimes contre l’humanité à Tombouctou au Mali, pour avoir joué un « rôle clé » en supervisant les amputations et les flagellations les prisonniers.

Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud, alias Al Hassan, c’est le nom de celui qui vient d’être reconnu coupable de torture et d’atteinte à la dignité de la personne par la Cpi. Âgé de 46 ans, il était considéré comme le chef de la police islamique à Tombouctou entre le 1er avril 2012 et le 28 janvier 2013. « Sur la base de l’analyse des éléments de preuves présentés et examinés au procès, tel qu’exposé dans le jugement de la Cour (…)  M. Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud » est « coupable d’une partie des charges portées à son encontre concernant des crimes de guerre et crimes contre l’humanité (…) », a indiqué Antoine Kesia-Mbe Mindua, président de la Chambre de première instance de la CPI, lors de la lecture du jugement. Il décrit un règne de terreur des djihadistes, évoquant « des flagellations brutales sur la place centrale et devant des foules comprenant parfois des enfants, ainsi qu’une amputation publique à la machette ». La Chambre a néanmoins acquitté Al Hassan des accusations de viols, d’esclavages sexuels et de mariages forcés, estimant qu’il s’agit de crimes de droit commun.

Pour Amnesty International, cette condamnation apporte une certaine justice aux victimes. « Cependant, d’innombrables filles et femmes qui ont subi le tourment du viol, de l’esclavage sexuel et d’autres violences sexuelles liées au conflit aux mains de la Police islamique éprouveront une grande déception. (…) Pour les victimes de ces crimes, il est essentiel de redoubler d’efforts pour leur rendre justice, car le verdict réduit leurs espoirs. Nous exhortons le Procureur de la CPI à poursuivre ses efforts pour rendre justice aux innombrables victimes et survivantes de la domination d’Ansar Dine (…)», précise Samira Daoud, directrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale.

Pour le Secrétaire général de l’ONU, ce jugement constitue « une nouvelle étape importante en matière de reddition des comptes et un pas en avant dans les efforts visant à rendre justice aux victimes de crimes et réaffirme que l’impunité ne sera pas tolérée ». Dans le même dossier malien, la Cpi a lancé le vendredi 21 juin dernier, un mandat d’arrêt contre Iyad Ag Ghaly, l’un des responsables de la rébellion touarègue et chef de l’une des branches d’Al Qaida dans le Maghreb Islamique, pour les mêmes chefs d’accusation.

Stanyslas Asnan