Etre retraité au Tchad ! Si on devrait écrire un ouvrage portant sur cette problématique, on en ferait probablement plusieurs tomes.
Traiter de la question des retraités au Tchad vient à faire la radioscopie de ce drame social vécu par de milliers de ceux qui, fonctionnaires ou salariés, à un moment de leur existence, ont offert de bons et loyaux services à la nation. Ici au Tchad, dans bien souvent des cas, le mot retraite fait sursauter les actifs, sinon rend anxieux ceux qui amorcent le dernier virage de leur carrière professionnelle. Et dire que la retraite est en principe, le fait, pour le fonctionnaire ou le salarié, de quitter définitivement la fonction publique ou l’entreprise et de faire valoir ses droits à une pension de vieillesse. C’est, en somme, la cessation des activités, après plusieurs années de sacerdoce. Le couronnement d’une carrière. Mais dans la pratique, en est-il vraiment le cas ? Pas si sûr.
Selon les statistiques issues du dernier recensement biométrique, le nombre de retraités tchadiens est d’environ 8 000 bénéficiaires pour les civils et de 14.000 retraités et veuves militaires. Ces derniers sont pris en charge respectivement par la Caisse Nationale de retraite du Tchad (CNRT) et la Caisse des Retraités Militaires (CARMI), pour ce qui est du secteur public. Du côté du secteur privé, géré par la Caisse Nationale de Prévoyance sociale (CNPS), ce sont au total pour l’année 2022, 10.681 pensionnés qui sont dénombrés.
Au-delà du fait d’être du privé ou du public, civils ou militaires, les pensionnés tchadiens, à quelques nuances près, vivent les mêmes travers. Retards chroniques pour entrer en possession de leurs pensions, accumulation des arriérés à n’en point finir, procédures inextricables, modicité des pensions, entre autres.
La problématique des retraités tchadiens rejoint celle de la sécurité sociale des actifs et a des enjeux sociaux et de développement énorme. Beaucoup de retraités décèdent peu de temps après qu’ils soient notifiés de leur statut. C’est à se le demander. C’est une bombe à retardement.
Prenant la mesure de la situation, l’Etat tchadien est en train de réformer le secteur pour une vie relativement plus décente des pensionnés à travers le recensement, la bancarisation et bien d’autres mesures structurantes. Pour sûr, il faudra attendre encore quelques années pour que ces innovations aient un impact réel sur le devenir des retraités.
Pour l’heure, être retraité au Tchad, ce n’est pas gai. Aussi, la véritable retraite se prépare dès le premier jour de prise de service, comme l’ont fait certains fonctionnaires et salariés avertis. Tous les actifs tchadiens –jeunes – devront tirer les leçons de ce que vivent les retraités. Préparer sa retraite dès la signature de son premier contrat de travail en épargnant et en diversifiant ses sources de revenus, aussi minimes soient-elles. C’est la seule solution pour éviter de tomber en déchéance à ses vieux jours, à l’instar du cas de plusieurs retraités.
Mbaïdedji NDjénodji Frédéric


