Les avocats de l’ex directeur général adjoint de Commercial Bank Tchad (Cbt) ont dans un communiqué, donné plus de détails sur les circonstances de son arrestation et ses conditions de détention. Ngakoutou Ismaël « est détenu dans une prison clandestine de l’Agence Nationale de Sécurité de l’Etat (Anse)».

Les faits se sont déroulés d’après Me Ditchibé Moundine et Me Oukacha Mahamad le 10 juillet dernier à 18h et demi, lorsque leur client, Ngakoutou Ismaël, arrivait à l’aéroport Hassan Djamous pour Paris où « il était attendu pour la garde alternée de sa fille ». Après les formalités de police, indique le document, un agent aéroportuaire vint vers lui pour lui dire que le vol de ce soir n’aura pas lieu. « Surpris, Ngakoutou Ismaël interrogea la Compagnie qui a pourtant confirmé le vol. Maintenu dans la salle d’attente sans accès à l’appareil qui n’attendait que lui, dernier passager restant à embarquer, il a reçu la visite des inconnus envoyés disaient-ils par le directeur général de l’Agence nationale de sécurité de l’Etat (Anse) à l’effet de l’emmener », précise le document.

Depuis cette date et c’est dans ces conditions que leur client a été enlevé et détenu au secret. Depuis lors, bientôt deux semaines aujourd’hui, ni sa famille, ni mêmes ses avocats n’ont eu de contact avec lui. On lui reproche selon son conseil, « tantôt des choses en lien avec une société chinoise qui avait racheté à l’époque une multinationale britannique détentrice d’un bloc pétrolier, mais déchue de son droit d’exploitation », « tantôt de s’expliquer sur la gestion du pool bancaire ayant bénéficié du droit d’importation du carburant pendant la période de pénurie qu’a connu le pays ». D’après les deux avocats, lorsqu’il y a eu la pénurie et qu’il avait fallu en importer, la Cbt dont leur client fut Dga, était le chef de file d’un Pool bancaire titulaire du droit d’importation. « Nous ne comprenons pas pourquoi, l’Anse (…) crée à tout vent des histoires pour enlever et détenir dans des conditions jusque-là inconnues Ngakoutou Ismaël », précisent-ils. Pour eux, le Tchad est un Etat de droit et « si l’on estime de quelque manière que ce soit, que ce dernier est en conflit avec la loi, il revient à la justice, à travers le Procureur de la République, autorité de poursuite qui, instruit sous sa coordination des enquêtes conformément aux dispositions du code de procédure pénale ».

Les avocats s’insurgent contre cette manière de faire et en appellent au Président de la République, Mahamat Idriss Deby Itno, qui est le garant de l’exercice des libertés individuelles et plurielles. « Nous prenons à témoins l’opinion pour que ces formes graves d’atteintes au droit de l’homme pratiquées sur la personne de Ngakoutou Ismaël puissent s’arrêter », note document.

Stanyslas Asnan