L’Association Chrétienne pour l’Éveil et l’Action (ACEA) a animé une causerie débat ce samedi 27 juillet 2024 dans les locaux du complexe scolaire la Fierté de Moundou sur le thème : « Les raisons d’un engagement politique du chrétien ».

Cette causerie a été animée par un panel composé du pasteur Tandolémbaye Daniel Doctorant en Missiologie, pasteur à l’Église Évangélique du Tchad (EET) Francophone N°30 de Moundou, enseignant à la Faculté de Théologie Évangélique de Moundou (FATEM) et du père jésuite, Pr. Kondjo Brossala Diddy Directeur général de l’université Catholique d’Afrique Centrale (UCAC), campus de Moundou.

Dans leurs propos liminaires, les deux panélistes ont relevé que « la Bible, dans toutes ses versions, n’interdit dans aucun verset le chrétien de s’engager dans la vie politique ». Selon Pr. Kondjo Brossala Diddy, la politique est l’art de la gestion de bien commun dans une participation active. Pour lui, le mot politique vient du grec ‘’politikos’’ qui veut dire « société organisée et structurée autour d’un vouloir commun » dont la politique c’est la visée du bien commun qui n’est rien autre que le bonheur. Il a également souligné dans son intervention que la finalité de la politique c’est le bonheur de la société, la structurer, hiérarchiser et la régir par un certain nombre de normes sociales.  Qu’on soit chrétien ou animiste on a besoin de bien vivre, soutient-il. Pour lui, le chrétien doit s’impliquer dans la vie politique de son pays pour participer à la construction l’édifice commune. Avant d’être chrétien, on appartient d’abord à un pays dont on doit participer pleinement à sa gestion.  Parlant de la relation binaire basée sur les sociétés politico-familiales, Pr. Kondjo Brossala a évoqué la relation commandement-obéissance, le public et le privé et l’ami et l’ennemi. Selon Diddy Brossala Kondjo, en politique, soit on est ami soit on est ennemi, mais l’ennemi en politique doit être en public et non en secret. Pour lui, un chrétien par nécessité, doit s’engager dans la politique. L’engagement politique est un droit reconnu au chrétien.

Intervenant à son tour, le pasteur Tandolémbaye Daniel a déclaré que même Jésus-Christ fils de Dieu a été condamné pour des raisons politiques. Il est hors de question que les chrétiens s’abstiennent de la vie politique. Le chrétien est la lumière du monde. Là où il se trouve, il éclaire son entourage. L’engament politique d’un chrétien est une mission divine pour la transformation de l’environnement politique, poursuit le pasteur Daniel. « Même prier est un engagement politique » soutient-il. Selon lui, à travers la prière on agit pour le bien commun et pour le bonheur du peuple. « Nous chrétiens, sommes-nous appelés à nous engager à la politique » insiste pasteur Tandolémbaye Daniel, mais avec discernement. Il exhorte les politiques chrétiens à s’investir pour la lutte contre les mauvaises pratiques, dire la vérité là où il n’y en a pas, l’équité et la justice pour tous. « Toute vie est vie, nous sommes égaux devant Dieu » rappelle le pasteur Daniel. Il invite enfin les responsables politiques chrétiens à imiter le prophète Jérémie et bien d’autres prophètes, pourquoi pas le Christ lui-même.

Le président de l’Association Chrétienne pour l’Éveil et l’Action (Acea) Me Ndilhornom Banhoudel Osée a indiqué que le manque d’implication des chrétiens dans la politique a de sérieuses répercussions sur ces derniers. Il a enfin partagé le point de vue du journaliste écrivain Martha Guellhon qui regrette que le fait que « les gens disent souvent avec fierté, je ne m’intéresse pas à la politique, ils pourraient aussi bien dire que je ne m’intéresse pas à mon niveau de vie, à ma santé, mon travail, mes droits, mes libertés, mon futur, ni aucun avenir. Si on veut garder un quelconque contrôle sur notre monde et notre vie, on doit s’intéresser à la politique.

Appolinaire De Baidjé